346             MEMOIRES DE PIERRE DE I.'ESTOILE.
Messieurs, gardés que l'on s'accorde Sans tous en demander aris: Car aprés, sans misericorde, Pourries bien au bout d'une corde Faire la moue à tos amis.
Le samedi vingtième du present mois de febvrier, mourut à Paris un vieil bon homme d'escrivain, nom­mé Constans, aagé de quatrevingts ans, pauvre des biens de ce monde, mais riche en Dieu, lequel il crai­gnoit. Qui estoit la cause que je lui aidois de ce que je pouvois.
Ce mois de febvrier fust fort froid, le commence­ment neigeus, et le reste sec, avec gelée fort aspre.
Supplément tiré de rédition de 1736.
Le lundy premier jour de fevrier, furent trouvés aucuns placards affichés (0 sur toutes les portes du Louvre et dans les carrefours de la ville-, par lesquels les Seize et leurs adhérans protestoient contre la confe­rence demandée par les catholiques étant auprès du roi de Navarre : la déclarant par avance nulle, au cas qu'elle fût accordée, et semblablement de nul effet tout ce qui y seroit dit et resolu.
Le mardy 2 de fevrier, jour de la Purification, Pel­letier, curé de Saint Jacques, dans le sermon qu'il fit dans son eglise, annonça ladite conference comme le plus grand malheur qui pût arriver à la religion, d'au­tant que ceux qui la demandoient étoient des loups
(-) Placards affichés : Ces placards con tenoient un désaveu de l'ac­cord fait pour la conférence demandée par les cauioliques royaux. On proposoit deux moyens pour mettre fin aux misères de la France : le premier, d'apaiser la colère de Dieu par la pénitence ; et le second, d'élire un roi catholique pour maintenir la religion et conduire l'Etat.
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